Pendant des semaines, chaque
jour, il était là, sa guitare et sa voix comme gagne-pain.
Ses notes planaient au-dessus de
la foule pressée, harmonieuses.
Elle aimait ce moment où, au
détour d’un couloir, lui parvenaient les premiers accords. Toujours au même
endroit…
Un sourire intérieur la
gagnait tandis que ses pas se rythmaient
à cette musique.
De longues secondes d’union entre
elle et cet inconnu.
Les yeux dans le vague, il
donnait tout aux passants qui le frôlaient.
Ce jour où elle a su que c’était
le dernier jour où elle le voyait – ce couloir de métro ne ferait désormais
plus partie de son parcours – elle a ralenti sa marche.
Elle l’entendait toujours avant
de l’apercevoir…
Aujourd’hui elle avait du temps.
Elle a ouvert son porte-monnaie
et a déposé un peu d’argent dans la housse de la guitare.
Les yeux du musicien ont quitté leur
ligne d’horizon et d’un sourire il l’a remerciée.
À son tour elle lui a souri.
C’était elle qui le remerciait d’avoir ensoleillé ses trajets durant ces
quelques mois.
Elle s’est éloignée, lentement,
pour garder en elle, le plus longtemps possible, ces notes qu’elle n’entendrait
plus.
Texte © Marie-Laure
Bigand
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