Le sait-il ?

Est-ce que le papillon sait, dis moi
La peine du lilas que sa grâce a touché
Et puis qu’il a quitté pour s’évanouir au loin
Ivre de rosée, voltigeant vers sa mort ?

Est-ce que l’oiseau connaît, dis-moi
La peine du tilleul que son chant a bercé
Et puis qu’il a laissé pour répondre là-haut
A l’impérieux appel d’un destin migrateur ?

Est-ce que le vent emporte, dis-moi
Le regret que j’en ai d’oublier les secrets
Qu’il avait murmurés en frôlant nos cheveux,
Quand il s’en va courir au-delà de la plaine ?

Mais le reflet soyeux d’un effleurement d’aile,
La vibrante harmonie de quelques notes tendres,
Ce serait encore trop pour préserver la grâce
Sans plus troubler la vie qu’un battement de cœur ?

Nous, nous le savons bien, dis moi
Qu’aussi frêle que soit la chanson du bonheur
Pour toujours en nos cœurs elle laissera sa trace !


Hélène BUSCAIL