Ils veulent vendre, la maison est
en vente. Une solide bâtisse dans un village recherché, au calme, et pourtant
proche de la ville et de ses commodités.
Je l’avais repérée depuis un
certain temps, cette annonce. Et pas moyen d’avoir un rendez-vous, ni par mail,
ni par téléphone… Je trouvais qu’ils ne mettaient pas beaucoup de bonne
volonté ! Peut-être ne sont-ils pas prêts à vendre ?
Et l’occasion m’est donnée, sans
que je le veuille, par un agent immobilier. Nous sonnons. Un vieux monsieur vient
ouvrir, fatigué. Petite cour encombrée. Intérieur sombre, labyrinthique et
chargé d’objets comme un bazar oriental. Assise dans un fauteuil, l’épouse ne
bouge pas. Je vais la saluer et lui dis que nous avons été en contact par mail.
Elle me sourit béatement mais ne répond pas. Son mari s’approche et dit qu’elle
n’entend pas, ou que c’est « là-dedans ». Il désigne la tête, pour
dire pudiquement que quelque chose ne fonctionne plus. Il devrait bien le
savoir, lui, si c’est seulement la surdité, ou quelque chose de plus
grave !… oui, il devait le savoir, mais le doute permet aussi l’espoir.
Peut-être qu’elle n’est que sourde ! Et que cela va revenir…
Il lui faut du soleil, il leur
faut changer d’air, elle a des douleurs partout. Et donc d’abord vendre ici.
Nous visitons. Un incroyable
attirail de matériel de récupération ainsi qu’un atelier saturé de bricoles
servaient quand il était prof aux Beaux-arts. Impression que la vie se délite,
tout s’en va par petits bouts à force de ne pas servir, les objets meurent de
tristesse. Même la lumière semble avoir abandonné la bâtisse. Un immense
« A quoi bon ? » tient tout ce fatras en place. Par-ci par-là
des photos de chevaux. Et comme commentaire : « Celui-là est mort
dernièrement, et celui-là est malade ». Enfin tout en haut une chambre
perchée, accessible par une échelle de meunier : la chambre du fils
adoptif, décédé l’an dernier.
Texte de Catherine Pétronin
1 commentaire:
Merci Catherine pour ce texte plein de sensibilité...
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