Ce matin-là j’étais partie sans
penser à rien de particulier. Il ne faisait ni beau, ni mauvais ; des
nuages cachaient le soleil et il était difficile de savoir ce que serait cette
journée. La météo avait été imprécise et je décidai que la douceur de l’air
suffirait à me rendre heureuse.
Dans ma tête je fredonnais :
« en mai fais ce qu’il te plaît … ». J’aimais voir les journées
s’étaler de plus en plus dans la langueur du soir. Le temps me semblait plus
long, loin des journées hivernales où la lumière disparaissait si vite.
Aujourd’hui serait formidable,
c’était ma décision ! Aussi, ne m’étonnais-je pas lorsqu’apparurent,
soudain devant moi, deux magnifiques chevaux ailés. Ils avaient atterri en
douceur, avec la même aisance que celle des oiseaux. S’ils s’étaient mis à
parler, là, probablement que j’aurais douté de leur réalité ; mais ils me
fixaient simplement de leurs yeux pleins de tendresse et je sus que je devais
grimper sur le dos de l’un d’entre eux. Je choisis le blanc, plus petit et plus
simple à chevaucher.
Je crois que nous avons fait le
tour de la Terre. Je m’émerveillais de tant de beauté, et j’aurais aimé que
chaque individu soit à ma place pour se rendre compte du trésor que nos pieds
foulent à chaque instant ; cette nature qui n’en finit jamais de se
régénérer, malgré les désastres régulièrement subis – même dans les paysages de
désolation la vie reprenait toujours ses droits. C’était fabuleux !
J’aurais été partante pour un
deuxième tour, une infinité de tours même…Quel que soit le temps que dura ce
voyage, il me parut bien trop court.
Aujourd’hui j’arriverais très en
retard à mon travail, qu’importe ! Il m’avait fallu reprendre les
transports en commun dans l’autre sens car j’avais raté mon arrêt.
Je n’avais pourtant pas eu le
sentiment de m’être endormie.
Dès que je quittai la gare,
j’aperçus une grande affiche publicitaire sur laquelle deux magnifiques chevaux
aux ailes transparentes invitaient à un prochain spectacle.
En passant devant l’affiche
j’aurais juré que le cheval blanc, le plus petit des deux, m’adressait un clin
d’œil…
Texte © Marie-Laure
Bigand
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