Les mots lui échappaient. Elle avait beau les chercher partout, elle ne les trouvait pas.
Ils étaient devenus fades, transparents, plats.
Elle n’arrivait plus à les enrober et finissait par avoir peur d’eux.
Pourquoi lui jouaient-ils ce mauvais tour alors que sa vie durant ils s’étaient accrochés à elle comme un amoureux éperdu ?
Elle referma ses cahiers, posa ses stylos.
Elle comprit alors qu’elle devait se détourner d’eux, leur faire croire qu’elle n’en voulait plus ; ainsi ils la rattraperaient peut-être…
Elle le souhaitait très fort, car elle, sans eux, était aphone de sa vie.
Elle ouvrit un dictionnaire et les contempla un à un, mais ils restaient muets.
Ils ne vivaient plus, demeuraient à la place qu’on leur avait attribuée.
Elle se sentait de plus en plus mal.
Pourquoi ne la transperçaient-ils plus, pourquoi ne la réveillaient-ils plus la nuit, pourquoi ne l’embêtaient-ils plus la journée ?
Alors elle les abandonna et partit…
Longtemps elle marcha, sur des routes, des sentiers, des chemins, dans des paysages parfois beaux, parfois laids, parfois quelconques.
Elle traversa les saisons.
Elle pleura beaucoup, sourit souvent, éclata de rire parfois…
Elle se laissa aller, vida sa tête, s’abreuva de sensations.
Et un jour elle osa reprendre un stylo… Sa main frémit, son bras, son corps, ses sens ; et là elle sut qu’ils lui accordaient à nouveau leur confiance.
Elle les remercia et se pencha sur la feuille blanche.
Texte © Marie-Laure Bigand
Ils étaient devenus fades, transparents, plats.
Elle n’arrivait plus à les enrober et finissait par avoir peur d’eux.
Pourquoi lui jouaient-ils ce mauvais tour alors que sa vie durant ils s’étaient accrochés à elle comme un amoureux éperdu ?
Elle referma ses cahiers, posa ses stylos.
Elle comprit alors qu’elle devait se détourner d’eux, leur faire croire qu’elle n’en voulait plus ; ainsi ils la rattraperaient peut-être…
Elle le souhaitait très fort, car elle, sans eux, était aphone de sa vie.
Elle ouvrit un dictionnaire et les contempla un à un, mais ils restaient muets.
Ils ne vivaient plus, demeuraient à la place qu’on leur avait attribuée.
Elle se sentait de plus en plus mal.
Pourquoi ne la transperçaient-ils plus, pourquoi ne la réveillaient-ils plus la nuit, pourquoi ne l’embêtaient-ils plus la journée ?
Alors elle les abandonna et partit…
Longtemps elle marcha, sur des routes, des sentiers, des chemins, dans des paysages parfois beaux, parfois laids, parfois quelconques.
Elle traversa les saisons.
Elle pleura beaucoup, sourit souvent, éclata de rire parfois…
Elle se laissa aller, vida sa tête, s’abreuva de sensations.
Et un jour elle osa reprendre un stylo… Sa main frémit, son bras, son corps, ses sens ; et là elle sut qu’ils lui accordaient à nouveau leur confiance.
Elle les remercia et se pencha sur la feuille blanche.
Texte © Marie-Laure Bigand
5 commentaires:
Laisse voguer ton âme vers l'imaginaire. Les mots prendront le pas sur le rêve et ta douce plume nourrira la page blanche de promesses...La promesse d'un beau roman comme toi seule sais le faire. Emporte-nous dans les tourments de la vie, tout en douceur, en profondeur. La plume est l'essence de l'âme.
Pour toi ces mots, MLaure...
Laura.
C'est beau. C'est triste aussi de ne plus voir les mots. On attend qu'ils reviennent et nous parlent.
Préviens-moi dès que je peux avoir ton nouveau roman ;o)
Comme quoi... tout espoir n'est jamais perdu...
Je ne peux rien rajouter aux commentaires précédents, si ce n'est que je te comprends, que ces affres sont souvent les miens, les nôtres. Un auteur qui n'a jamais connu ce doute, cette crainte, la peur de la feuille blanche, un tel auteur existe-t-il?
Je ne doute pas que ton inspiration te fournira encore du carburant pour nous emporter dans ton imaginaire...
Quoi de plus fort et précieux que des artiste , souvent sans le sou, se battent comme des fous qu'ils sont, pour faire entendre les voix du monde?
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