Il joue les prolongations, l’hiver.
Monsieur est content et fier
Monsieur tape l’incruste,
Monsieur ne veut pas lâcher prise,
Ni céder sa place à monsieur printemps,
Qui se ronge les sangs.
Il traînasse, vous embrume aux aurores givrées
Et les forsythias n’en peuvent plus d’attendre,
N’en peuvent plus de retenir le flot de sève bouillonnant.
Les milliards de fleurettes ambrées se contiennent,
Ne demandent qu’un coup de soleil,
Qu’une aide du ciel pour exploser toutes en même temps
Dès lors, elles illumineront les chemins,
Les routes, les jardins de leurs gerbes d’or,
Comme de fabuleux décors,
En un temps record. On y croit à cette valse du printemps
Un temps, deux temps, trois mouvements, l’opéra du temps
Eternel recommencement !
En attendant les matinées grelottent,
Et on désespère de ranger dans les armoires
Manteaux, anoraks, moufles, écharpes ou gants.
Par-dessus le marché, il faudra changer d’heure,
Se plier à l’exercice de remettre les pendules à l’heure,
L’heure d’été, alors qu’on claque des dents, c’est marrant !
Il faudra grimper sur le tabouret de cuisine,
Au risque de se casser les dents.
Il faudra n’en oublier aucune
Celle du four, du micro-onde, celle de l’ordinateur,
Qui soi-disant se règle automatiquement,
Celle du téléphone, des téléphones
Le fixe et l’autre, celui qu’on trimballe tout le temps.
Ça ne me gêne pas cet arrangement,
Mon horloge biologique s’en remettra sûrement.
C’est juste une question de temps.
Il m’a semblé naguère que j’avais tué le temps trop longtemps,
Ou que je l’avais utilisé à contretemps
Le voilà à présent qui file, défile, s’emballe comme un alezan
Le temps, infernal m’est compté, à rebours,
Et je ne sais pas compter… ni aligner les chiffres et les ans,
Voilà bien mon problème !
Alors comment saurai-je si je l’ai utilisé à bon escient
Ce temps qui m’a été offert hier, pur comme un diamant,
Comment saurai-je et qui me dira si je perds mon temps
À remplir des pages et des pages,
Des plages et des plages de papier et de temps.
Brigitte Lécuyer
Monsieur est content et fier
Monsieur tape l’incruste,
Monsieur ne veut pas lâcher prise,
Ni céder sa place à monsieur printemps,
Qui se ronge les sangs.
Il traînasse, vous embrume aux aurores givrées
Et les forsythias n’en peuvent plus d’attendre,
N’en peuvent plus de retenir le flot de sève bouillonnant.
Les milliards de fleurettes ambrées se contiennent,
Ne demandent qu’un coup de soleil,
Qu’une aide du ciel pour exploser toutes en même temps
Dès lors, elles illumineront les chemins,
Les routes, les jardins de leurs gerbes d’or,
Comme de fabuleux décors,
En un temps record. On y croit à cette valse du printemps
Un temps, deux temps, trois mouvements, l’opéra du temps
Eternel recommencement !
En attendant les matinées grelottent,
Et on désespère de ranger dans les armoires
Manteaux, anoraks, moufles, écharpes ou gants.
Par-dessus le marché, il faudra changer d’heure,
Se plier à l’exercice de remettre les pendules à l’heure,
L’heure d’été, alors qu’on claque des dents, c’est marrant !
Il faudra grimper sur le tabouret de cuisine,
Au risque de se casser les dents.
Il faudra n’en oublier aucune
Celle du four, du micro-onde, celle de l’ordinateur,
Qui soi-disant se règle automatiquement,
Celle du téléphone, des téléphones
Le fixe et l’autre, celui qu’on trimballe tout le temps.
Ça ne me gêne pas cet arrangement,
Mon horloge biologique s’en remettra sûrement.
C’est juste une question de temps.
Il m’a semblé naguère que j’avais tué le temps trop longtemps,
Ou que je l’avais utilisé à contretemps
Le voilà à présent qui file, défile, s’emballe comme un alezan
Le temps, infernal m’est compté, à rebours,
Et je ne sais pas compter… ni aligner les chiffres et les ans,
Voilà bien mon problème !
Alors comment saurai-je si je l’ai utilisé à bon escient
Ce temps qui m’a été offert hier, pur comme un diamant,
Comment saurai-je et qui me dira si je perds mon temps
À remplir des pages et des pages,
Des plages et des plages de papier et de temps.
Brigitte Lécuyer
2 commentaires:
C'est tout à fait ça en ce moment ;-) Merci pour ce texte Brigitte...
Je ne connais pas l'auteur mais j'apprécie toujours ses textes, tellement plein de poésie et d'humour. On n'a aucun mal à reconnaître sa plume, dès les toutes premières lignes ! Bravo Brigitte !
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