On
raconte que dans des temps très anciens, l’énergie avait quitté les hommes. Ils
avaient beau cherché au plus profond d’eux, seul un puits sans fond les
aspirait, les fatigant davantage. Bai décida de rechercher cette énergie sans
laquelle plus personne ne pouvait poursuivre sa route. Bai était une belle
jeune femme et elle portait en elle la sagesse qui manquait à tous. Elle
revêtit une magnifique robe rouge et partit avec pour uniques bagages une
boîte, un porte-plume et de l’encre noire. Elle marcha longtemps, traversant
des forêts, escaladant des montagnes, enjambant des rivières, prenant de temps
en temps un peu de repos dans des clairières lumineuses. À chaque obstacle,
Bai, obligée de redoubler d’efforts, saisissait sa boîte et y déposait l’énergie
supplémentaire qui émanait d’elle, ce qui la contraignait à se reposer plus
longtemps pour reprendre des forces. Pour ne pas perdre la notion du temps,
elle était attentive au cycle de la lune et traçait sur sa magnifique robe
rouge, à l’aide de la plume et de l’encre, des symboles dont elle seule
détenait le secret. Lorsqu’il n’y eut plus de place sur sa robe, elle décida de
rentrer.
Beaucoup
n’avaient pas survécu à sa longue absence, mais d’autres avaient résisté, des
enfants étaient même nés. Elle ouvrit alors la boîte d’où s’échappa une
incroyable énergie. Chacun la remercia tandis que, doucement, Bai fermait les
yeux…
Texte © Marie-Laure Bigand
Texte écrit d'après le tableau Cycle, l'énergie est grande, réalisé par l'artiste peintre Karine Boitrel Taoki (son site) dans le cadre de l'exposition Arts Migrateurs (organisée par l'association Mots Migrateurs) qui a lieu du lundi 20 octobre au 1er novembre 2014 au centre commercial des Trois Fontaines à Cergy (95).
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