Un
jour j’ai perdu mon âme.
Je
ne ressentais plus rien,
Comme
si le mot « sentiment » avait été effacé de ma mémoire.
Je
me faisais l’effet de dériver sur un radeau, au milieu de nulle part !
Plus
rien ne comptait
Plus
rien n’existait.
Peut-être
avais-je été une guerrière et tué pour ne pas mourir.
Et
peut-être que j’attendais une sorte de rédemption pour renaître,
Pour
vivre et ressentir à nouveau des émotions.
Pourquoi
étais-je si vide à l’intérieur de mon corps ?
Est-ce
qu’un trop plein de souffrance peut réduire l’état de conscience à un simple
instinct de survie ?
Un
jour j’ai perdu mon âme.
Je
l’ai abandonnée sur la Terre
Car
je n’étais pas digne de la porter.
Malgré
sa légèreté elle était devenue un vrai fardeau.
Qu’avais-je
fait de bien envers autrui pour la mériter ?
Un
jour j’ai perdu mon âme
Pour
la sauver d’elle-même…
Texte © Marie-Laure Bigand - 09/04/2014
Nota : Petit
texte écrit après avoir entendu le témoignage d’un homme qui a commis de
terribles assassinats au Rwanda en 1994. Il racontait qu’il partait le matin,
comme d’habitude, mais qu’au lieu d’aller travailler dans les champs il allait
tuer les gens autour de lui : enfants, femmes, personnes âgées, et que le
soir il rentrait chez lui ! Il estimait qu’après avoir purgé une peine de
onze ans de prison il avait payé sa dette… À aucun moment il n’a exprimé le
moindre regret sur ce qu’il a fait… Non, pour lui, à ce moment-là, c’était un
travail qu’il accomplissait avec une véritable conscience
professionnelle !
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