Ce
matin-là elle avait un peu de temps pour elle, rien que pour elle…
Elle
ressentit alors un vent de liberté accompagné d’un parfum d’enfance, comme
lorsqu’elle jouait à la marelle, sautillant de case en case pour atteindre le
ciel… À chaque fois elle tendait les bras à l’horizontale, victorieuse, prête à
s’envoler, mais revenait très vite sur Terre, ses petites camarades impatientes
de lancer à leur tour le palet – généralement une boîte de cirage ronde et
plate remplie de sable. Yeux fermés, ces quelques secondes en arrêt sur le mot ciel lui procuraient un indescriptible
sentiment de liberté.
Elle
sortit, scrutant le sol, mais aucune marelle n’avait été dessinée… Ce temps-là
était-il révolu ? Si elle avait eu une craie sous la main, elle aurait
bien remis un pas dans son enfance, juste pour retrouver un court instant des
sensations oubliées.
Elle
s’arrêta et sourit. Bien sûr qu’elle n’avait rien oublié, tout était là, en
elle.
Elle
reprit sa marche, abandonnant derrière elle le rire joyeux des fillettes aux
jupes plissées, les cheveux retenus par un turban.
Elle
ne ressentait aucune nostalgie, même si son cœur se gonflait soudain à se
souvenir lointain…
Texte © Marie-Laure Bigand
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