Dans
cette gare où je t’attends, j’observe tous ces gens en attente d’un train ou de
quelqu’un…
Dans
cette gare où je t’attends, je me demande si tu viendras.
Tant
de trains t’ont amené à moi, mais aujourd’hui il me semble que quelque chose
n’est plus comme avant.
Autour
de moi la vie fourmille. J’erre au milieu de passants qui savent pourquoi ils
sont là.
Une
femme crie après son mari parce qu’il ne marche pas assez vite ; une jeune
femme, rollers à la main, fixe le tableau des arrivées, un sourire heureux sur
son visage ; une petite fille court après un pigeon ; un couple
s’embrasse à n’en plus finir, leurs bagages à leurs pieds ; à la terrasse
d’un café un homme boit un verre de vin blanc, attend-il son
amoureuse ? ; un homme pousse un fauteuil roulant où une vieille
dame, très élégante, se tient bien droite ; un peu plus loin un groupe de
jeunes gens, sacs à dos, s’esclaffent…
Depuis
combien de temps suis-je là à regarder, sans vraiment les voir, toutes ces personnes qui ne sont pas toi ?
Tu
n’es pas descendu du train où je t’espérais, ni du suivant, ni de celui
d’après…
J’ai
scruté à m’en étourdir les voyageurs qui se déversaient sur le quai.
Aucun
message de ta part !
Je
cherche mille raisons à ton absence.
Dans
cette gare où je t’attends, je n’ai pas vu les heures s’écouler, je n’ai pas vu
qu’il n’y avait presque plus personne.
C’est
le silence qui m’a réveillée ; je m’étais habituée au brouhaha incessant.
Une
voix ivre m’interpelle, un SDF perdu au milieu de ce hall qui m’apparaît soudain
si grand et si vide.
Je
frisonne et je réalise que tu m’as dit quelques jours auparavant que tu ne
viendrais pas, que tu ne viendrais plus.
Seulement
je n’y ai pas cru.
J’ai
désespérément attendu le moment où je t’apercevrais et où tes bras m’enserraient,
comme avant.
Dans
cette gare où je t’attends je prends conscience que tu m’as quittée : un billet
sans retour possible.
Dehors
la nuit est tombée. La façade de la gare se dresse, magnifique, tandis que je
traîne mon chagrin dans les rues de Paris, collé à ma peau à m’en étouffer.
J’ai
raté le dernier train de banlieue pour rentrer chez moi.
Ta
silhouette, ton sourire et ton élan vers moi sont désormais à conjuguer au
passé…
Texte © Marie-Laure Bigand
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire