La
pleine lune ombre la nuit
Et
dessine un parterre de formes insolites.
Un
vent léger frôle les contours, les rythmant au silence ambiant.
La
voix entendue quelques jours auparavant dans le métro parisien revient alors à
ma mémoire.
Un
jour ordinaire…
J’étais
plongée dans un livre, tandis qu’une mère et sa fille envahissaient l’espace de
leurs paroles bruyantes.
La
rame semblait se déchirer sous les longs crissements des roues en acier au
contact des rails, comme une plainte.
Soudain,
un chant mélodieux s’est élevé au-dessus de tout ce vacarme, et j’ai été
aussitôt subjuguée.
Autour
de moi les gens restaient indifférents.
Étais-je
la seule à entendre ce timbre si envoûtant ?
Mon
regard a cherché et s’est posé sur un homme entre deux âges, vêtu simplement,
un peu sale…
Perdu
dans son monde, il chantait, sans aucun instrument de musique, dans une langue
étrangère.
Sa
voix, harmonieuse, bien placée, m’emporta dans son doux tempo.
Quelque
chose au plus profond de moi fut bouleversée.
Comme
si son chant remontait de la nuit des temps…
Et
c’étaient mes larmes, à moi, qui remontaient au coin de mes yeux.
Comment
les autres passagers pouvaient-ils demeurer aussi imperturbables devant tant de
pureté ?
Une
voix métallique annonça ma station de métro.
Sur
le quai, un peu groggy, déçue de ne pas avoir eu le réflexe de donner quelques
pièces à cet inconnu, je regardais le métro s’éloigner.
Cette
voix m’a suivie tout au long de la journée, et devant la lune si pleine ce
soir je pense à ces instants magiques que nous apporte parfois la vie, pour peu
que nous soyons attentifs.
Texte © Marie-Laure Bigand
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