Musique à l'unisson

Dans ce matin froid je t’ai aperçu.

Tu étais transparent et pourtant si présent.

Ton sourire nostalgique ressemblait à un blues aux accords perdus.

J’ai fermé les yeux, mes mains tendues vers toi.

Tu m’as alors entraînée dans ton rêve et toutes les musiques du monde ont tournoyé autour de nous.

Sur le trottoir, les claquettes de Fred Astaire et de Ginger Rogers résonnaient de nos rires ravis, tandis que sur le toit du Moulin Rouge Ewan Mc Gregor chantait son amour pour la belle Nicole Kidman. Your Song devenait nôtre.

Soudain nous étions invincibles, comme Kate Winslet et Leonardo Di Caprio, la mer comme seul bagage, Autant en emporte le vent... La musique de Max Steiner s’insinuait en nous.

Stand by me…

J’ai ouvert les yeux.

Charles de Gaulle étoile… L’arrivée du métro me sortait de mon rêve éveillé. Je ne comprenais pas pourquoi j’étais partie si loin le temps de l’attente.

Et je l’ai vue, libre, les écouteurs sur les oreilles.

Elle dansait, sans se soucier des visages désapprobateurs.

Nos regards se sont croisés et nos sourires rejoints.

Grâce à elle j’avais su te retrouver.

Du fond des yeux je l’ai remerciée.

Je me suis engouffrée au milieu des autres passagers.

La jeune fille est restée sur le quai.

D’un geste discret elle m’a saluée.

Je retenais mes pas qui ne demandaient qu’à s’envoler…

Texte © Marie-Laure Bigand