Vendredi 5 juin, 18 heures 15 minutes
Martin souffre dans sa chair.
Martin a peur.
Il a peur parce qu’il ne sait pas mettre un nom sur ce qui se passe en lui. Il ne sait ce qui lui arrive mais depuis plusieurs semaines, son corps ne réagit pas comme il le devrait, c’est-à-dire sainement, sans animosité.
Il y a quelques jours, le sang a jailli de son nez, tachant du même coup sa chemise blanche et sa cravate. Le soir, dans sa salle de bain, il s’est surpris à détailler son visage. Certes, il se trouvait un brin pâle, des cernes d’un vilain mauve le vieillissaient.
Il se doucha, pensant qu’il retrouverait vite une seconde jeunesse. Après tout, il était encore jeune. Mais le jet d’eau chaude n’eut pas l’effet escompté. Martin sentait un malaise se généraliser sans qu’il comprît pourquoi. Un coup de froid peut-être, sans doute…
Martin était tellement fatigué.
Las de cette vie inutile, vide de sens.
Il se réveillait en proie à des sueurs immondes, le laissant sur le flanc, fiévreux. Martin ne se résolvait point à consulter. Cependant, au fil des jours venaient se greffer mille et un petits travers.
Il s’étonnait de se trouver essoufflé après avoir monté un escalier, il n’avait plus d’appétit. Certains mauvais jours, et ils devenaient de plus en plus nombreux, des vomissements le laissaient convulsé au-dessus du lavabo. Cependant il n’avait rien à rejeter sinon son amertume, puisqu’il avait perdu l’appétit depuis un moment déjà.
Parfois, il avait l’impression qu’on lui broyait les articulations. Ses pas alors le menaient avec peine du lit au canapé du séjour. Et ces fichus maux de tête…
De guerre lasse, mis au pied du mur, il prit rendez-vous avec son médecin. Pourvu que tout ce cirque cessât ! Un mauvais virus sans doute.
Le médecin écouta son patient attentivement et l’ausculta consciencieusement.
Martin s’étonna qu’on lui fasse passer des tests sanguins pour si peu. Mais puisqu’il en était ainsi… Le médecin lui téléphona deux jours plus tard, en lui annonçant que, le résultat des tests n’étant pas très bon, il préférait lui faire subir des examens complémentaires.
Martin frissonna malgré lui. Il n’était pas né de la dernière pluie, il se doutait que quelque chose de grave se dessinait à l’horizon. Il savait qu’il devait se plier aux exigences du médecin. Mais il recula le moment.
La fuite dans la lâcheté…
Ne pas savoir.
Pas encore…
Extrait du roman « Vers une autre rive » de Fabienne Chopard
1 commentaire:
Merci Fabienne pour ces quelques lignes confiées à mon blog, et bon vent à ton roman :-)
Enregistrer un commentaire