Ah ! jeudi ! Il reste encore à sortir la poubelle sélective à couvercle jaune et à la placer au bout de la rue. Je soupire. Elle ne peut pas attendre une semaine de plus, elle est pleine d’emballages en plastique. Recyclage oblige, et j’en suis heureuse, l’éphémère se transforme pour durer encore un peu. Il fait nuit. Je maugrée parce que personne dans la famille ne veut rouler cette poubelle jusqu’à son lieu de ramassage ! Je peste et j’y vais.
Le temps est calme, la nuit est très noire. L’air immobile caresse la peau. Le sol demeure spongieux des pluies d’hier. Le ciel, profond et doux, est constellé d’étoiles. Le silence me couvre, m’enveloppe, me happe. Un silence mystérieux, plein, grave. Et pourtant, ce n’est pas un silence absolu, on perçoit au loin la rumeur de l’autoroute. J’ai passé le seuil de la maison bourdonnante, et le silence me fait entrer dans un autre univers. Croyant être sortie, voilà que je suis entrée...
Le temps est calme, la nuit est très noire. L’air immobile caresse la peau. Le sol demeure spongieux des pluies d’hier. Le ciel, profond et doux, est constellé d’étoiles. Le silence me couvre, m’enveloppe, me happe. Un silence mystérieux, plein, grave. Et pourtant, ce n’est pas un silence absolu, on perçoit au loin la rumeur de l’autoroute. J’ai passé le seuil de la maison bourdonnante, et le silence me fait entrer dans un autre univers. Croyant être sortie, voilà que je suis entrée...
Arrêt devant le portail, le seul endroit propice pour regarder le ciel, lieu béni car oublié par l’éclairage municipal. Et là, le spectacle se déploie, tout s’évanouit sauf ce ciel. Je suis en “tête à ciel” avec les étoiles. Silencieuses, elles clignotent gentiment, veilleuses de l’éternité.
“Compte-les, si tu peux !”
Mais non ! Au-delà des innombrables astres visibles, des mondes se dessinent ; au-delà des “au-delà”, des mondes se devinent... Et après des siècles de voyage, les lumières des ères nous rejoignent, humbles, discrètes, fidèles.
Petit souffle de vie dans cette immensité, je fais doucement avancer ma poubelle. Le plastique, fruit de notre récupération hebdomadaire, est aussi de la poussière d’étoiles. En lui aussi, des planètes-électrons tournoient autour de noyaux-soleils. C’est fascinant de penser que tout, dans l’univers, est construit de la même manière, même les chaînes carbonées de mes molécules.
Un soir étoilé, une copine me confiait : “Les étoiles, pour moi, représentent des personnes, des milliers d’amis”. Comme dans le livre du Petit Prince, elles se révèlent différentes selon les personnes. En moi aussi, dans le silence, brillent des quantités d’étoiles : tous les possibles à féconder ; toutes les beautés à faire germer ; toutes les amitiés à vivre ; tout l’univers à aimer... Le dehors s’est reflété au dedans. Mon ciel, tout-à-coup, est devenu immense, comme celui du dehors. Je respire à fond. Est-il possible que l’air soit si doux ? La paix , cette nuit, paraît couvrir toutes les violences, toutes les tempêtes.
Le vieil Abraham est parti jadis avec la promesse d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel. Je me sens un peu comme lui ce soir. Comme lui, je n’ai pas de prise sur ma fécondité. Mais déjà je peux choisir entre ce qui a de l’avenir et ce qui n’en a pas ... entre le durable et l’éphémère... entre le solide et le friable... Quel bonheur, cette nuit, de rentrer et de retrouver ma bruyante maisonnée !
“Compte-les, si tu peux !”
Mais non ! Au-delà des innombrables astres visibles, des mondes se dessinent ; au-delà des “au-delà”, des mondes se devinent... Et après des siècles de voyage, les lumières des ères nous rejoignent, humbles, discrètes, fidèles.
Petit souffle de vie dans cette immensité, je fais doucement avancer ma poubelle. Le plastique, fruit de notre récupération hebdomadaire, est aussi de la poussière d’étoiles. En lui aussi, des planètes-électrons tournoient autour de noyaux-soleils. C’est fascinant de penser que tout, dans l’univers, est construit de la même manière, même les chaînes carbonées de mes molécules.
Un soir étoilé, une copine me confiait : “Les étoiles, pour moi, représentent des personnes, des milliers d’amis”. Comme dans le livre du Petit Prince, elles se révèlent différentes selon les personnes. En moi aussi, dans le silence, brillent des quantités d’étoiles : tous les possibles à féconder ; toutes les beautés à faire germer ; toutes les amitiés à vivre ; tout l’univers à aimer... Le dehors s’est reflété au dedans. Mon ciel, tout-à-coup, est devenu immense, comme celui du dehors. Je respire à fond. Est-il possible que l’air soit si doux ? La paix , cette nuit, paraît couvrir toutes les violences, toutes les tempêtes.
Le vieil Abraham est parti jadis avec la promesse d’une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel. Je me sens un peu comme lui ce soir. Comme lui, je n’ai pas de prise sur ma fécondité. Mais déjà je peux choisir entre ce qui a de l’avenir et ce qui n’en a pas ... entre le durable et l’éphémère... entre le solide et le friable... Quel bonheur, cette nuit, de rentrer et de retrouver ma bruyante maisonnée !
Catherine Pétronin
3 commentaires:
Merci Catherine pour ce texte très bien écrit qui amène une paix intérieure au fil des mots qui défilent sous nos yeux :-)
ah les ciels d'été,quel plaisir, Peut-on y compter ses amis, j'y croirai presque tellement ça semble irréel ces petites loupiotes qui clignotent et se fichent de nous, ridicules et pauvres humains aux mots comme des frêles étincelles de vie!
Demain elles seront encore à briller haut dans le ciel et nous sans doute recyclés comme nos poubelles, le rêve alors s'arrete là, comme une évidence.
Belles pensées Catherine et au plaisir de te lire
Brigitte
Merci Brigitte et Marie-Laure. Heureuse d'avoir pu "mettre un visage" sur Brigitte. L'idée ne m'était pas venue de nous considérer comme de futurs recyclés. C'est vrai dans un sens, le sens physique. Mais il y a tellement plus dans l'humain ! Et c'est ce "plus" qui m'intéresse. Et dans ce sens, nous survivrons aux étoiles... Bises Catherine
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