Elles étaient là à se dandiner
Au dessus de nos têtes ébouriffées
Elles étaient là à nous narguer dans l’air sucré
D’une après midi d’été :
Les pommes du verger d’à côté.
Elles balançaient leurs formes cabossées
Et en gamines délurées, on s’en pourléchait déjà les babines.
Il nous manquait juste une petite cinquantaine de centimètres
Pour les cueillir enfin, apprécier leur saveur acidulée.
Pourtant on ne manquait de rien,
Et surtout pas de pommes.
Invariablement au dessert ou au goûter
On avait droit à une golden calibrée, joufflue et insipide.
Mais pour ces voisines aguicheuses
Qui ne connaissaient pas de frontière
Qui avaient l’impudence de croître et de multiplier
Au-delà de nos murs fissurés.
On se fichait de s’arracher les mains
De se briser un tibia ou les reins
D’ailleurs, on n’était plus à une bêtise près.
C’était si tentant de braver les foudres du propriétaire
Et la réaction démesurée des bonnes sœurs.
Alors la plus solide ou la plus téméraire
Croisait ses doigts comme pour une prière
Et proposait une courte échelle
Et la plus légère prenait le risque d’y poser un pied
Juste pour décrocher ces lunes au sourire de juillet.
On était là à tout risquer pour ce plaisir divin
Ce moment magique où la main
Décrocherait le fabuleux butin.
Ensuite, il suffisait de planter nos canines
Et de se régaler de la chair âpre.
L’acidité du jus agaçait nos papilles
Et il fallait voir nos joues rougies et nos grimaces,
Quand on découvrait le ver niché dans le fruit
Alors, on recrachait bien vite l’objet du délit.
Mais Dieu comme c’était bon, ce moment volé
Aux sacro-saintes règles de la colonie de vacances !
Tout ça pour le lendemain au petit matin
Subir sans discernement, notre châtiment :
Une diarrhée carabinée !
Brigitte Lécuyer
1 commentaire:
Merci pour ce texte tout en gourmandise Brigitte :-)
Et puis ce qui est interdit est forcément meilleur, surtout pour la fillette que tu étais alors ;-)
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