Éditions Gallimard
Le 7 janvier 2015, l’attentat
contre Charlie Hebdo a fait plusieurs
morts et des blessés.
Philippe Lançon a été grièvement
blessé ; à la place de sa mâchoire, un trou. Ses bras et mains sont
également touchés…
Au-delà des blessures physiques,
il y a les blessures morales.
Que devient alors la mémoire ?
Que deviennent les souvenirs ?
Comment rattacher le passé au
présent et au futur incertain quand le lien a été brisé par ces terribles
minutes d’horreur ?
« Je n’ai pas eu le temps de
ranger le livre de jazz dans le petit sac en tissu noir. Je n’ai même pas eu le
temps d’y penser, et tout l’ordinaire a disparu. »
« Les décombres n’étaient
faits ni de poussière, ni de cendres, ni de verre, ni de plâtre. Ils étaient
faits de silence et de sang. »
Si Philippe Lançon a écrit ce
livre, c’est avant tout pour recoller les morceaux et tenter de retrouver ce
qui a été définitivement emporté sous les balles des tueurs.
« Les souvenirs m’ont laissé
où je suis.
Mon aventure maltraite ma
mémoire, en l’incisant et en l’insensibilisant tour à tour : de ce chaud
et froid naît le chagrin qui ne cesse de m’envelopper, comme si je souffrais de
tout en ayant tout perdu. »
« Les évènements les plus
brièvement violents et inattendus prennent toute leur place dans nos vies,
puisqu’ils vont les bouleverser, mais les détails de leurs minutes
irréversibles semblent échapper à nos mémoires – et je n’écris qu’avec le mince
espoir de les restituer en partie.»
Il y a d’abord l’instinct de survie,
puis la douleur, les opérations pour
réparer (et la douleur qui reste), la reconstruction (et la douleur toujours)…
Et la vie qui reprend malgré tout peu à peu ses droits…
« Je ne vivais ni le temps
perdu, ni le temps retrouvé ; je vivais le temps interrompu. »
Un livre puissant, à la plume
ciselée, où l’émotion frappe en plein cœur !
Et l’évocation pudique de ceux
qui ne sont plus là…
« Je voulais retrouver cette
vue, ce ciel, la Seine devinée au-delà de la rangée d’arbres, les toits des
grands musées, et plus loin les pentes de Montmartre, tous les siècles de cette
ville que j’aimais et au cœur de laquelle une poignée de dessinateurs avaient
été inopinément massacrés. »
Présentation de l'éditeur :
Lambeau,
subst. masc. 1. Morceau d'étoffe, de papier, de matière souple, déchiré ou
arraché, détaché du tout ou y attenant en partie. 2. Par analogie :
morceau de chair ou de peau arrachée volontairement ou accidentellement.
Lambeau sanglant ; lambeaux de chair et de sang. Juan, désespéré, le
mordit à la joue, déchira un lambeau de chair qui découvrait sa mâchoire
(Borel, Champavert, 1833, p. 55). 3. Chirurgie : segment de parties molles
conservées lors de l'amputation d'un membre pour recouvrir les parties osseuses
et obtenir une cicatrice souple. Il ne restait plus après l'amputation qu'à
rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu'une épaulette à plat (Zola,
Débâcle, 1892, p. 338). (Définitions extraites du Trésor de la Langue
Française).
1 commentaire:
Comment évoquer avec pudeur la douleur et le traumatisme, merci pour ce conseil de lecture, Marie l'Or ! belle rentrée ! Tiens, j'ai repris une nouvelle histoire sur le Magicien OX !
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