Les splendeurs de l’automne n’avaient pas adouci
La cruelle brûlure de ce tragique été
Où s’en était allé l’enfant désenchanté
Dont nous cachions le nom en nos cœurs endurcis
Nous préservant l’un l’autre, pour ne pas nous heurter,
Nous feignions d’oublier le gouffre de l’absence
Parcourant les chemins d’une opiniâtre errance
Pèlerins de l’ennui, mendiants d’éternité.
La nature était douce à nos âmes meurtries
Nous lavions nos blessures à ses fraîches ondées
Marchandions nos fatigues, nos colères à vider
Pour un soleil nouveau sur les prés refleuris
Un soir après l’orage, la vision féerique
D’un minuscule hameau aux maisons de pastel
Emergeant d’une bruine irisée d’arc-en-ciel
S’offrit à nos regards comme un don fantastique
Sans prononcer son nom, nous comprîmes enfin
Qu’il nous fallait y voir une dernière offrande
En son ciel déchiré, une ultime demande
De délivrer son âme de notre long chagrin
D’oser cueillir ici ce moment essentiel
Pour tourner nos visages éclairés d’un sourire
Vers ce pont merveilleux, arche des souvenirs
Jurer d’aimer la vie, libérer l’arc-en ciel
Hélène Buscail
1 commentaire:
Merci Hélène pour ce merveilleux poème qui me touche infiniment...
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