samedi 29 octobre 2011

Arc en ciel


Les splendeurs de l’automne n’avaient pas adouci

La cruelle brûlure de ce tragique été

Où s’en était allé l’enfant désenchanté

Dont nous cachions le nom en nos cœurs endurcis

Nous préservant l’un l’autre, pour ne pas nous heurter,

Nous feignions d’oublier le gouffre de l’absence

Parcourant les chemins d’une opiniâtre errance

Pèlerins de l’ennui, mendiants d’éternité.

La nature était douce à nos âmes meurtries

Nous lavions nos blessures à ses fraîches ondées

Marchandions nos fatigues, nos colères à vider

Pour un soleil nouveau sur les prés refleuris

Un soir après l’orage, la vision féerique

D’un minuscule hameau aux maisons de pastel

Emergeant d’une bruine irisée d’arc-en-ciel

S’offrit à nos regards comme un don fantastique

Sans prononcer son nom, nous comprîmes enfin

Qu’il nous fallait y voir une dernière offrande

En son ciel déchiré, une ultime demande

De délivrer son âme de notre long chagrin

D’oser cueillir ici ce moment essentiel

Pour tourner nos visages éclairés d’un sourire

Vers ce pont merveilleux, arche des souvenirs

Jurer d’aimer la vie, libérer l’arc-en ciel

Hélène Buscail


1 commentaire:

Marie-Laure a dit…

Merci Hélène pour ce merveilleux poème qui me touche infiniment...