lundi 20 octobre 2008

Je vous contacte...

Voilà une petite phrase que j’entends régulièrement depuis que je suis amenée à faire des séances de dédicaces. Au début, surprise et heureuse, j’étais flattée d’un tel intérêt, quoique, un peu méfiante tout de même, longue expérience de la pratique « humaine » que peuvent amener les années d’existence… En fait, cela se passe toujours un peu pareil, tandis que je suis assise à une table derrière les livres que je dédicace, des personnes s’arrêtent, se disent libraires, dans le monde de l’édition, dans le journalisme, dans la culture,… vous interrogent, vous demandent de leur parler de vos écrits, vous laissent supposer qu’ils sont très intéressés, que l’on pourrait faire quelque chose ensemble ou du moins parler de vous, et puis à la fin ce fameux : « je vous contacte »… Bon je ne les ai pas comptés « ces trois mots » prononcés régulièrement, (un oubli de ma part) mais bien sûr aucun n’est jamais revenu vers moi… Pourquoi promettre alors que l’on sait que l’on ne donnera jamais suite ? Bizarre, car de mon côté je ne leur demande rien ! Pas plus tard que la semaine dernière j’ai encore vécu cette aventure. Tandis que je tenais une permanence sur l’exposition « Mots Arts » à l’accueil, un homme souriant et au charme certain rentre, fait un tour sur l’expo et revient vers moi. Il est entré parce qu’il a vu de la lumière, qu’il aime l’art, lui-même côtoie des artistes et connaît bien ce milieu m’a-t-il dit, et qu’il avait rendez-vous non loin de là avec des amis. Il trouve l’expo très sympa puis me demande ce que je fais. Je lui réponds que mon domaine c’est l’écriture, vif intérêt, admiration (je n’exagère pas c’est lui-même qui me l’a dit). Son téléphone s’est alors mis à sonner, il répond, raccroche, puis me demande ma carte, que je lui donne, et me lance le fameux : « je vous contacte »… Amusement intérieur de ma part, je lui dis un bonsoir poli, en évitant le haussement d’épaules parce que ça ne se fait pas, et m’interroge : encore un !!! Finalement je crois que j’ai compris, c’est sûrement une façon de dire « au revoir », et j’imagine ma carte (si soigneusement choisie) dans la première poubelle venue…

MLB

3 commentaires:

Jérôme a dit…

C'est une façon de prendre congé en se donnant de l'importance, une impression qui ne dure qu'une seconde, à la mesure peut-être d'espoirs déçus. Ce qui est certain, c'est que l'écrivain fascine et, beaucoup rêvent de ce "prestige" ; il suffit de voir le nombre de personnes qui se déclarent écrivains. Les gens qui disent "on se rappelle" rentrent sans doute chez eux en disant qu'ils connaissent un écrivain, puis avec le temps cela deviendra "j'ai un ami écrivain". Pour nombre d'entre eux, c'est une manière de frôler le graal auquel ils aspirent, une éclaircie sur un manque, un besoin de valorisation.

Anonyme a dit…

Ils ressemblent étrangement à ceux qui disent "je fais le tour du salon et je repasse", l'auteur novice se laisse prendre, puis en prend son parti. Ainsi va notre belle langue, le mot mensonge n'est pas encore banni. C'est celui qui est probablement le plus utilisé aujourd'hui sans jamais dire son nom...

Unknown a dit…

Bonsoir,
N'est il pas envisageable de leur demander de préciser, de dater le fameux "je vous contacte"... Jouez, amusez vous à tester, à répondre à ces trois mots. "Non, cela ne va pas être possible..c'est moi qui vais vous appeler! etc...