Aux éditionsDelcourt/Encrages
Perpendiculaire au soleil, le
premier roman graphique de Valentine Cuny-Le Callet, est une œuvre atypique qui
dépasse les frontières habituelles du genre. Ce livre n’est ni un simple
plaidoyer contre la peine de mort ni une exploration de la culpabilité ou de
l’innocence. C’est avant tout un récit humain, né d’une correspondance
singulière entre l’autrice, alors âgée de 19 ans,
et Renaldo McGirth, un jeune homme condamné à mort en Floride.
L’histoire commence en 2016, lorsque
Valentine entame un échange épistolaire avec Renaldo, incarcéré depuis plus de
dix ans pour un meurtre commis à l’âge de 18 ans.
Cette correspondance évolue rapidement vers un projet artistique commun, un
dialogue à travers le dessin, le mot, et l’image, qui donne naissance à ce
roman graphique saisissant.
Ce qui frappe dès les premières pages,
c’est la diversité des techniques artistiques utilisées. Valentine alterne
entre des dessins en noir et blanc d’une grande profondeur, réalisés au crayon,
à la craie grasse ou à la gravure sur bois, tandis que Renaldo, de sa cellule,
y ajoute des touches de couleur à la gouache, insufflant une vie inattendue
dans cet univers carcéral oppressant. Ces œuvres, pleines de symbolisme et de
contrastes, donnent corps à une réflexion sur l’art comme moyen d’évasion, de
survie, et de communication dans des conditions extrêmes.
Le récit ne se concentre pas sur les
détails du crime de Renaldo ni sur un militantisme contre la peine de mort,
même si celle-ci reste un arrière-plan omniprésent. L’essentiel réside dans la
rencontre de ces deux êtres, dans la façon dont ils transcendent leurs réalités
respectives par l’art et l’écriture. C’est une œuvre profondément humaniste,
qui interroge sur la capacité de l’homme à créer et à trouver de la beauté même
dans les situations les plus désespérées.
Le ton de Perpendiculaire au soleil
reste sobre, sans tomber dans le pathos. Valentine Cuny-Le Callet ne cherche
pas à émouvoir par le drame, mais à témoigner d’une vérité plus vaste, celle de
la résilience humaine face à l’inéluctable. Ce livre n'est pas une simple
lecture, mais une expérience visuelle et émotionnelle, qui amène le lecteur à
réfléchir non seulement sur la condition des condamnés à mort, mais aussi sur
la place de l’art dans notre existence.
En somme, Perpendiculaire au soleil
est une œuvre troublante et riche, qui marquera par sa profondeur et sa
justesse. Ce roman graphique, couronné du prix BD FNAC France-Inter 2023,
mérite largement l’attention qu’il a suscitée. Il nous rappelle que l’humanité
peut surgir des lieux les plus sombres, et que l’art est un refuge, un moyen de
se réinventer et de résister, même lorsque tout semble perdu.
4e de couverture :
En 2016, à 19 ans, Valentine Cuny-Le Callet entame une correspondance avec Renaldo McGirth. Condamné à mort pour un meurtre commis à l’âge de 18 ans, Renaldo est incarcéré depuis plus de 10 ans en Floride.
Au fil de leurs échanges épistolaires et des visites que Valentine lui rend en prison naît un projet de récit graphique à quatre mains, racontant leurs vies parallèles et leur amitié. Valentine mêle travail au crayon et gravure sur bois. Renaldo dessine au crayon à papier, au stylo-bille, et apporte avec ses peintures à la gouache les seuls éléments colorés.
Ses images singulières parlent de la beauté du monde, mais aussi des conditions extrêmes des lesquelles elles ont vu le jour.
Au-delà du témoignage autobiographique, ce récit explore avec une émotion intense la brutalité d’un système carcéral, la représentation des victimes, et la ténacité avec laquelle les condamnés cherchent à construire leur vie, depuis une cellule de cinq mètres carrés.
Leurs lettres, des images qu’ils s’échangent, des rares visites, naît le récit graphique de leurs vies parallèles. Le livre questionne avec une intense émotion la brutalité d’un système carcéral, et l’amitié qui surgit, depuis une cellule de 5 m2.