mercredi 21 mars 2012

Notes en courant d’air




Pendant des semaines, chaque jour, il était là, sa guitare et sa voix comme gagne-pain.
Ses notes planaient au-dessus de la foule pressée, harmonieuses.
Elle aimait ce moment où, au détour d’un couloir, lui parvenaient les premiers accords. Toujours au même endroit…
Un sourire intérieur la gagnait  tandis que ses pas se rythmaient à cette musique.
De longues secondes d’union entre elle et cet inconnu.
Les yeux dans le vague, il donnait tout aux passants qui le frôlaient.
Ce jour où elle a su que c’était le dernier jour où elle le voyait – ce couloir de métro ne ferait désormais plus partie de son parcours – elle a ralenti sa marche.
Elle l’entendait toujours avant de l’apercevoir…
Aujourd’hui elle avait du temps.
Elle a ouvert son porte-monnaie et a déposé un peu d’argent dans la housse de la guitare.
Les yeux du musicien ont quitté leur ligne d’horizon et d’un sourire il l’a remerciée.
À son tour elle lui a souri. C’était elle qui le remerciait d’avoir ensoleillé ses trajets durant ces quelques mois.
Elle s’est éloignée, lentement, pour garder en elle, le plus longtemps possible, ces notes qu’elle n’entendrait plus.

Texte © Marie-Laure Bigand

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