samedi 29 janvier 2011

Portrait-triste


Assise sur le sol, ce n’est pas la main qu’elle tend, mais son sourire.
Elle porte ses rides de la même manière qu’elle porte des vêtements en superposition, emmitouflée dans une sorte de fatalisme.
La rame déverse son flot de passagers et devant elle des jambes pressées se bousculent.
Sait-elle encore comment elle s’appelle ?
Elle ressemble à une statue d’un autre temps, pourtant le XXI e siècle entoure sa vie.
Elle est vieille, elle est sale.
De temps en temps une pièce s’échoue dans le gobelet en plastique posé devant elle.
Sa bouche se décline dans un rictus pour dire merci. Elle n’est plus habituée à parler, et puis la personne qui s’est appesantie un très court instant sur son sort est déjà loin.
Les courants d’air lui tiennent compagnie.
Chaque jour, elle est là, un éternel sourire posé sur son visage : la Joconde du métro.
Elle aussi mériterait d’être immortalisée, dans un tableau renaissance, pour exister à nouveau et tout recommencer…

Texte © Marie-Laure Bigand

1 commentaire:

Coryne a dit…

Mon DIEU, cela aussi est très vrai, mais que c'est triste et que notre époque est dure... pour tous ces pauvres esseulés !
MERCI. Bisous. Coryne H.